Aujourd’hui, nous rencontrons Samuel Journée, animateur de l’Association des Éleveurs de Bovins de Race Normande de Haute-Normandie et partenaire de la société Grosdoit.
Comme tous les mois, nous partons en vadrouille avec Samuel Journée pour sélectionner les meilleures bêtes de Race Normande. C’est l’occasion de vous présenter son profil et son métier, son association et de vous donner quelques pistes de réflexion sur les projets à venir.
Marie : Bonjour Samuel, pouvez-vous vous présenter ?
Samuel : Bonjour Marie ! Je travaille pour littoral Normand, une entreprise de conseil en élevage. Installé à Bois-Guillaume, sur les hauteurs de Rouen, je suis également mis à disposition une partie de mon temps pour participer au bon développement de l’Association des Éleveurs de Bovins de Race Normande de Haute-Normandie.
Marie : Pouvez-vous nous présenter le fonctionnement de cette association ? Quels sont ses objectifs premiers ?
Samuel : Notre association a pour principal objectif de faire la promotion de la Race Normande en Haute-Normandie. La valorisation de cette Race, célèbre en France et dans le monde Entier passe forcément par un lien permanent avec les éleveurs de la région.
L’association fonctionne très simplement. A sa tête, un conseil d’administration représenté par des éleveurs.
Elle a plusieurs objectifs :
– Regrouper l’ensemble des éleveurs souhaitant se retrouver sous le label « Race Normande » pour mener différentes actions
– Promouvoir la Race Normande et les éleveurs en organisant diverses manifestations
– Regrouper les propositions de ventes des femelles afin de les proposer à des acheteurs éventuels
Marie : Au sein de cette organisation, quelle place occupez-vous ?
Samuel : Je suis au coeur de l’association. Je m’occupe de sa gestion courante et je suis animateur.
Marie : A quoi ressemble votre quotidien ?
Samuel : Mon quotidien ? Je le vit à 200 km/h! Je fais énormément de choses pour l’association. Tout d’abord, je la gère au quotidien. Je tiens les comptes et la mise en œuvre des actions du conseil d’administration. Nous commercialisons également des bovins reproducteur pour faire du lait. Nous organisons des journées techniques et des interventions dans différents lycées. Je fais la relation avec les collectivités, j’organise les conseils d’administration. Enfin, j’appuie techniquement les éleveurs dans la gestion de leur exploitation.
Marie : Quelle relation entretenez-vous avec les éleveurs de l’Association ?
Samuel : J’entretiens une relation assez particulière avec les éleveurs. Je les côtoie depuis longtemps dans le cadre de mon travail au littoral Normand et via l’association. Au delà d’une relation professionnelle, nous entretenons des relations cordiales et souvent amicales. Nous échangeons sur nos différents métiers, sur l’actualité de l’élevage et sur la vie de leur exploitation. C’est un métier que j’aime et je respecte profondément le travail de ces hommes et femmes au quotidien.
Marie : Depuis combien de temps accompagnez-vous l’établissement GROSDOIT et la Filière Normandie Viande Héritage ? Quel rôle exercez-vous au sein de cette organisation ?
Samuel Journée : J’accompagne l’établissement GROSDOIT et la Filière Normandie Viande Héritage depuis Novembre 2010. Ce que je fais ? Et bien c’est assez simple. Tous les mois, nous nous rendons avec les équipes GROSDOIT dans les exploitations pour choisir les animaux que j’ai déjà reperé. Nous évoquons avec les éleveurs concernés le parcours de l’animal, son sexe, son âge, son poids, son alimentation et surtout son aptitude bouchère. Une fois notre choix définitif, nous passons à l’élevage suivant pour ramasser au final une quinzaine d’animaux par mois.
Marie : Mais Samuel, c’est quoi les aptitudes bouchères ?
Samuel Journée : Sans rentrer dans les détails techniques, les aptitudes bouchères sont obtenues à partir du poids des bêtes et de leur conformation. En fonction de l’alimentation de l’animal et de ses caractéristiques, l’éleveur touche alors en plus de la vente de son animal, une plus-value définie par une grille de notation de la filière.
Marie : Les éleveurs trouvent -ils un intérêt à être adhérent de l’association ?
Samuel Journée : Bien entendu ! Ils y trouvent même 3 intérêts pour être précis :
– Bénéficier de la structure et de son organisation pour valoriser leur travail
– Connaître la destination finale de leurs animaux dans le cadre de la filière NVH (Collectivités, restauration commerciale ou grand public via Boeuf l’Éclair)
– Le montant de la plus-value touchée par la vente de leurs meilleurs animaux
Marie : Quels sont les projets en cours et à venir ?
Samuel Journée : En ce moment, notre projet majeur au niveau de la filière viande, c’est le Label Rouge Bœuf de Normandie. L’idée est d’avoir en Normandie un label permettant de redonner à la Race Normande toutes ses lettres de noblesse. Un peu comme le camembert et les autres AOP de Normandie. Tout reste à formaliser car les ingrédients sont déjà là : des éleveurs motivés par la démarche et un fort intérêt de la part des professionnels de la restauration et du grand public.
Marie : Comment voyez-vous le futur de l’élevage en Normandie ? Quels sont selon vous les mesures rapides à enclencher afin de permettre la pérennité de nos élevages en Normandie ?
Samuel Journée : Aujourd’hui, on recherche une qualité de vie certaine. Nos éleveurs ont besoin de leviers pour maintenir une qualité de vie au-delà de leur métier. Leur métier doit être récompensé à sa juste valeur. De beaux animaux, bien élevés et bien alimentés, permettant un bon rendement boucher, doivent être bien valorisés. C’est dans la logique des choses afin d’assurer à leur exploitation et à leur modèle économique une certaine perennité.
A côté de cela, sans rentrer dans un débat politique, le levier pour permettre de conserver notre patrimoine agricole est de privilégier une consommation de produits français et dans la mesure du possible local. Le citoyen doit devenir « consom’acteur » et ne plus rester simple consommateur.
– Marie